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mercredi 17 octobre 2012

Présentation succinte d'une oeuvre

Salvador Dalí "La Persistance de la Mémoire"

D'un camembert à une oeuvre  

 

L’histoire des montres molles de Dalí, de leur nom officiel « La persistance de la mémoire », est celle d’une itinérance, majeure dans la vie personnelle de Dalí. Cette modeste huile sur toile de 24 x 33 cm, conçue en 1931, en deux temps, à Cadaqués, n’avait jamais revu la Catalogne. Depuis le 16 janvier, la Fundació Gala-Salvador Dalí l’accueille dans la salle dite “Cuant cau, cau” de son célèbre Théâtre-Musée, en provenance du Musée d’Art Moderne de New York, dans le cadre des échanges permanents avec les institutions artistiques les plus prestigieuses du monde, qui permettent de temps à autre d’abriter à Figueres (abusivement, nous serions tentés de dire « rapatrier ») des œuvres emblématiques de l’enfant de la ville, qui a inauguré lui-même son musée en 1974.  

Comment lui est-t-il venu l'idée de peindre cette oeuvre ?

L'idée de ce tableau est venue à Dalí alors qu'il contemplait les restes d'un camembert coulant dans une assiette après un dîner terminé. Puis il avait entamé une réflexion compulsive sur les mystères des éléments durs et mous et s'est immédiatement mis à travailler, frénétiquement et toute la nuit, en introduisant sur la toile trois montres à demi-fondues.

Que représente t-elle ?

Ce tableau représente d’abord un paysage des rochers du Cap de Creus, très probablement de Port Lligat. Pays à part entière à propos duquel le maître affirmait « Je suis construit entre ces pierres, j’ai forgé ici ma personnalité, j’y ai découvert mon amour, j’y ai peint mon œuvre, j’y ai construit ma maison. Je ne peux me séparer de ce ciel, de cette mer, de ces rochers ».


Puis Quatre montres dont la seule à être rigide est à l'envers et couverte de fourmis, insectes que Dali associait souvent à la mort, à la décomposition.

Les montres molles, qui nous parlent du temps qui s'étire et se distend, sont placées sur trois objets très différents : Un cube de glaise, un arbre mort et une forme qui figure un visage ou un animal à terre.




Elles symbolisent et évoquent le fait que le temps n'est pas le même pour tous et qu'il n'a pas les mêmes répercutions pour tous. Chaque être, chaque chose a un temps qui lui est propre. Mais aucune montre n'indique la même heure. 
Cette mise en scène de l’éphémère, en contrepoint à l’éternité et à la douceur du paysage, conçu lors d’une session de travail précédente, indique l’obsession de Dalí pour l’immortalité, rendue possible en échappant au contrôle du temps.

Quelques mots sur l'artiste :

Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, 1er marquis de Púbol, connu sous le nom de Salvador Dalí, est un peintre, sculpteur et scénariste surréaliste catalan, né le 11 mai 1904 et mort le 23 janvier 1989. Il est né et mort à Figueras, en Catalogne, où il a créé son propre musée en 1974, le Teatre-Museu Gala Salvador Dalí.
Salvador y passera une partie de son enfance ainsi qu'à Barcelone et Cadaqués où son père, notaire, possède une maison. Cette région de l'Empurdan aura une influence majeure sur son inspiration picturale tout au long de sa vie.
La rencontre déterminante avec le surréalisme libère son extraordinaire puissance créative. Il subit l'influence de René Magritte mais acquiert vite un premier style propre ("Le miel est plus doux que le sang", 1926 ; Cenicitas, 1928). Son œuvre sera désormais remplie d'allusions personnelles, souvent cryptées, qu'il réutilise à son gré comme la figure obsédante du "Grand Masturbateur" qu'il utilise de nombreuses fois en 1929 ("Portrait de Paul Éluard", 1929 ).

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